5 septembre 2012

Comment oublier les mélodies chewing-gum ? ces musiques qui collent à la tête !

Par Alain Goudey

On connait tous ces mélodies qui restent dans la tête pendant des heures, des jours, des mois voire des années ! Certaines ont bercées notre enfance : « Voici venuuuu le teeeemps des riiires et des chaaaants » ou encore « une souris verteeee, qui courait dans l’herbeee », notre adolescence avec « Mama mia… here we go agaaaaiin… ma ma, I cannot resist you », etc. Sans raison particulière ces thèmes mélodiques s’arriment dans notre mémoire, parfois très vite, souvent sans raison apparente. Ces mélodies, les anglais les appellent des « earworms », nous les appellerons des mélodies chewing-gum.

Les recherches les plus récentes en psychologie montre que ces mélodies chewing-gum sont comme des parasites, qui arrivent sans permission et ne s’arrêtent pas de tourner avec la simple volonté. Notre esprit semble hors de contrôle vis-à-vis d’elles. Une équipe anglaise a montré que les mélodies chewing-gum sont généralement des thèmes très simples et très répétitifs. Ils ont aussi montré avec leur base de données de 5000 mélodies, que deux individus ne vont pas à un instant t avoir les mêmes thèmes chewing-gum en tête. Pour certains, ce phénomène témoignerait de la puissance de la musique à l’égard de notre cerveau et de la sensibilité de ce dernier envers la chose musicale. Une première astuce donnée par Oliver Sacks pourrait être de chanter le thème mélodique jusqu’à la fin… attention, c’est parfois à double tranchant et cela peut au final générer de la frustration. Un aspect important de ces mélodies chewing-gum est la répétition. Hors en matière sonore, la répétition se fait généralement à l’identique (hormis s’il y a variation de lieu, vous entendrez 10 fois la même chose si vous passez 10 fois le dernier Coldplay). Ce n’est pas le cas sur le visuel où la luminosité ou l’angle du regard varie très rapidement… La mémorisation étant affectée par la répétition, il est possible que la structure même de ces mélodies en facilite l’entrée en profondeur dans nos mémoires. Si vous êtes créatif, vous pouvez essayez de varier le thème mélodique dans votre tête pour sortir du cercle vicieux de la mélodie chewing-gum. Le dernier élément de ces mélodies est le « petit plus », quelque chose qui « attire » l’oreille : un enchaînement de note, une harmonisation spécifique ou encore une rythmique particulière. C’est ce petit supplément qui va la rendre « unique » et « différente », si bien que notre cerveau va mieux s’en souvenir. Les recherches ont montré que ces mélodies renvoyaient a priori à des processus cognitifs de mémorisation de long-terme. En effet, il suffit qu’on dise « une souris verte » pour que la mélodie ressurgisse sans même que nous l’ayons entendu. Il semblerait qu’une partie de notre cerveau soit câblée pour « enregistrer » des morceaux de mélodie, des bouts de phrase, sans même que nous y prêtions attention (c’est l’inner ear). Pour sortir donc de la boucle infernale de répétition liée à cette mélodie chewing-gum, une possibilité est d’occuper le cerveau avec une autre tache cognitive qui sollicite l’écoute et le son. Une autre suggestion des chercheurs est de chanter ou d’écouter des mélodies qui sont proches de celle qui vous hante de sorte à éroder au maximum la précision du souvenir audio et ainsi de le faire taire… jusqu’à la prochaine fois ! Et vous ? Il y a des chansons dont vous n’arrivez pas à vous défaire en ce moment ?